La sociologie clinique s'intéresse à la dimension sociale et psychique des faits étudiés. Le terme clinique, du grec kliné signifie "être auprès du lit", il permet ici d’insister sur trois points : l’implication du chercheur.e sur le terrain, la coproduction des connaissances avec les participant.e.s et la volonté d’identifier avec eux des leviers de transformation. Un des premiers sociologues à avoir travaillé de cette façon sur la question raciale a été le sociologue afroaméricain W.E.B Dubois au début du 20e siècle.

Ma nouvelle enquête sur le lien entre racisme et santé mentale s’inscrit dans cette tradition. Par delà la méthodologie classique utilisée en sciences sociales, j’ai imaginé un dispositif de recherche qui puisse également servir aux personnes interviewées. Il se situe au croisement de la sociologie urbaine, de l’histoire de la migration et des théories critiques de la race. Il vise à : 

• co-produire les données afin d’améliorer les connaissances sur le sujet

• faire du savoir produit au long cours une source d’émancipation intime, sociale et politique

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Les entretiens collectifs rassemblent des personnes impactées par le racisme structurel. Ensemble, elle cherchent à accéder à leur propre savoir sur les mécanismes à l’œuvre, leurs conséquences, la symptomatologie du trauma racial et les ressources dont elles disposent pour résister à cette violence. 

Le séminaire « Migrations et santé » est un espace d’échanges empiriques et d’élaboration théorique. Les participant.e.s à l’enquête, des chercheur.e.s invité.e.s et des professionnel.le.s du milieu médico-social y partagent leurs pratiques, leurs cadres conceptuels, les obstacles qu’ils rencontrent et l’avancée de leurs réflexions.

Au cours des entretiens individuels, la personne interviewée me livre des éléments biographiques et sa propre analyse sur le lien entre racisme structurel et santé mentale dans une perspective transgénérationnelle. La particularité ici c’est que je ne me contente pas de prélever des données, si la personne le souhaite, ces entretiens peuvent s’étaler sur plusieurs séances, de manière à ce que la personne prenne le temps de s’écouter et d’accéder à une meilleure connaissance de son histoire et d’elle même. Ici, l’espace de l’entretien devient aussi un espace où il est possible de se raconter dans un cadre de total réceptivité, de manière à coproduire un savoir, à s’auto-analyser et à construire un récit qui fasse sens.